mardi 2 juin 2015

A la conquête des ateliers d'artistes de Belleville


Ce week-end, je me suis promenée dans le quartier de Belleville à Paris, pour les "Portes ouvertes 2015" de l'association Ateliers d'artistes de Belleville. Voici trois artistes qui m'ont donné envie de partager avec vous leur beau travail.


Delphine Epron, le dessin et la peinture "végétale"



Heureuse occupante d'un atelier ensoleillé situé dans un vrai petit village d'artistes, Delphine Epron peint, dessine et grave autour de formes naturelles, des plantes, des feuilles et des bourgeons. Je me suis d'abord arrêtée sur ses gravures sur bois imprimées sur de simples papiers récoltés sur les marchés. Elle m'explique qu'il s'agit de détails issus de ses dessins comme on le voit ci-dessus. 

 

Le résultat est très graphique, moderne, tout en gardant l'intensité des couleurs de la peinture, dont elle maîtrise totalement les effets. Entre 150 et 200 euros la gravure, on pouvait vraiment se laisser tenter.



Pour découvrir son très beau travail :
La page de présentation pour l'événement
Le site delphineepron.com
Page Facebook


Wilfried Histi, les autoportraits de l'intérieur




J'ai eu un gros coup de cœur pour ces peintures doublement écorchées : parce qu'elles sont peintes d'un trait vif et précis et parce qu'elles se superposent à des radiographies humaines. L'auteur, Wilfried Histi, essaye ainsi de dépasser l'exercice de l'autoportrait qu'il n'arrive jamais à réaliser, parce qu'il finit toujours par dessiner quelqu'un d'autre. Il a donc choisi de se peindre par dessus d'autres corps vus de l'intérieur, des crânes, des thorax, des squelettes.



Certaines œuvres sont imbriquées dans des boîtiers éclairés, et renforcent l'impression de voir à l'intérieur, en clignotant de façon à la fois inquiétante, car médicale, et poétique, car lumineuse.


L'artiste est bien difficile à dénicher sur le web, mais j'ai pu trouver un très beau portfolio sur Behance, un réseau social d'artistes.
Je trouve ses peintures de grande qualité et, allons-y pour la comparaison, rappelant certains Francis Bacon.
Si vous voulez en savoir plus sur son travail : wilfried[point]histi[at]gmail[point]com

Claudio Cravero, photographe "aigre-doux"




Ce photographe italien, personnage bavard et malicieux, présentait sa série "A history of violence". Le concept : mettre en scène différentes personnes dans une scène de crime. Tous les participants aux projets posent dans leur environnement quotidien, comme s'ils avaient été brutalement frappés par la foudre. On ne voit jamais les visages, une grande place est laissée à la lumière, à la mise en scène du corps dans le décor. Même l' "arme du crime", un couteau que chaque protagoniste garde à proximité, semble secondaire. On dirait des tableaux classiques décrivant la dramaturgie de notre mythologie. Et en même temps, au final, la répétition et l'ironie donnent un effet décalé et très drôle. On imagine que tout le monde s'est bien amusé.


Mention spéciale à cette classe d'étudiants en art qui ont participé au projet après avoir suivi une conférence de l'artiste. L'histoire ne dit pas s'ils sont morts d'ennui...


Claudio Cravero lui -même se met en scène de cette façon pour son autoportrait. Armé d'un trépied, il s'est étalé plusieurs fois de suite dans les vagues jusqu'à ce que le cliché lui convienne, et ne résiste pas au plaisir de raconter la tête que faisait un passant devant ses allées et venues le jour de la séance photo.


Pour découvrir son travail : claudiocravero.com

En conclusion : à faire et à refaire ! 


Voilà un événement de quatre jours qui permet non seulement d'aborder la création à Paris sous de nombreuses coutures, mais de découvrir aussi les innombrables cours fleuries et lieux secrets des rues de Belleville, quartier hétéroclite et ultra-dynamique, où l'art s'installe sûrement

Une autre façon, on l'espère, d'accompagner le plus large des publics et son attraction pour l'art, le vrai : celui de la multitude, des milliers d'artistes qui créent de façon instinctive, qu'ils appartiennent ou non au marché de l'art. Il y a malheureusement un parfum d'espèce menacée qui flotte sur l'événement. La superbe rue Denoyez (photo principale de l'article) sera prochainement frappée du nettoyage décidé par la mairie de Paris. L'atelier de métallerie Grésillon (dernière ferronnerie de Paris) et sa cour pleine d'ateliers est menacée de rachat par un promoteur...

La variété, l'intérêt et le nombre de visiteurs le confirme pourtant bien : en généralisant ce type d'événements, en rendant le travail de l'artiste directement accessible à tous (par le prix comme par le réseau de distribution), on ouvre la porte d'un monde d'échanges qui ne demande qu'à se faire.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire